(coord. Marie-Laure Boursin et Sabrina Mervin)
L’axe 3 se concentrera sur la mise en scène de la prédication en s’appuyant sur les récents tournants dans les études religieuses qui abordent la matérialité et la sensorialité (Cohen, Mottier, Kerestetzi, 2017). Considérant la prédication comme l’art et la méthode de convaincre, l’axe explorera la mise en œuvre concrète de la prédication et la « religion ordinaire » (Piette 2003) dans différents contextes. Quelle est la différence entre la rhétorique de l’édification et la pratique de la prédication ? Comment l’adhésion d’un public est-elle créée ou renouvelée ? Les membres de l’axe examineront le processus de mise en scène en étudiant d’abord les lieux, les moments et les dispositifs. La prédication a-t-elle des temporalités et des espaces assignés, ou peut-elle avoir lieu dans des espaces publics de manière improvisée ? Ensuite, l’axe 3 se penchera sur la matérialité de la prédication à travers les objets et les processus technologiques utilisés dans la mise en scène. Comment l’utilisation d’objets et d’outils techniques intensifie-t-elle le pouvoir de persuasion ?
L’axe vise à montrer comment les « technicités » de la médiation constituent une « force active » de la prédication qui peut influencer ses pratiques (Luca, Polo de Beaulieu et al, 2019). Aussi, la diversité des modalités et des outils de mise en scène nous amène à considérer la diversité des styles. Le style, cet “extra esthétique”, ne permet pas seulement au prédicateur d’assurer la “beauté de son geste” (Leroi-Gourhan, 1982 : 172) et ainsi de se distinguer, mais contribue également à l’efficacité de la mise en scène visant à convaincre. L’axe 3 identifiera les dispositifs, les processus et les dimensions sensibles de la prédication afin de révéler sa mise en scène et sa grammaire.
En collaboration avec le MUCEM, l’axe contribuera à l’enquête collecte et à l’examen des médias et des objets liés à cette mise en scène de la prédication. Une première sous-section prêtera attention aux diverses formes que peut prendre la prédication (prédication, démarchage, cours, chants). Ces différentes formes impliquent des prédicateurs qui peuvent être des professionnels et/ou des croyants engagés dans la cause, plus ou moins formés et éduqués. Une deuxième sous-section propose une analyse de la matérialité de la mise en scène en saisissant les objets mobilisés (artefacts rituels, décorations, vêtements, mobilier) et les processus technologiques sonores et visuels (lumière, microphone, effets spéciaux). Elle suppose que la matérialité est constitutive des pratiques, engage les sens et impacte les comportements.
L’axe 3 s’intéresse également aux processus visuels et techniques sonores qui sont utilisés au service d’une prédication de plus en plus mondialisée, afin d’élargir le public et de capturer en particulier un jeune public. Ces processus sont impliqués dans la mise en scène des sermons dans les lieux de culte, ainsi que dans les vidéos en ligne, les réseaux sociaux et, plus largement, tout ce qui concerne la cyber-prédication en ligne. Le troisième sous-projet explorera les styles, qui permettent aux prédicateurs de se positionner dans l’arène de la prédication et de se distinguer dans ce domaine compétitif. Fusionnant la substance (contenu du discours) et la forme, le style se manifeste au public à travers la sensorialité.
Cet ajout esthétique de forme, couleur, mouvement, geste, musique et vêtement, apporte des émotions aux participants : public et prédicateur en même temps. L’axe 3 se concentrera sur les spécificités du style qui constituent la « marque de fabrique » du prédicateur et son efficacité auprès du public. Ainsi, la prédication sera analysée comme une performance (cultuelle, rhétorique, artistique) en mettant l’accent sur le langage corporel et les dispositifs esthétiques de la prédication. Afin de mieux comprendre la dimension sensible de la prédication, une attention particulière sera accordée au langage corporel, aux pédagogies de la prédication, à la performance, ainsi qu’aux formes d’adresse.
***ENGLISH***
S3 will focus on the staging of preaching based on the recent turns in religious studies approaching materiality and sensoriality (Cohen, Mottier, Kerestetzi, 2017). Considering preaching as the art and method of convincing, S3 will explore the concrete implementation of preaching and “ordinary religion” (Piette 2003) in different contexts. What is the difference between edification rhetoric and preaching practice? How is an audience’s adhesion created or renewed? S3 members will look at the process of staging by first studying places, times and devices. Does preaching have assigned temporalities and spaces, or can it take place in public spaces in an improvised manner? Secondly, S3 will look at the materiality of preaching through objects and technological processes used in the staging. How does the use of objects and technical tools intensify the power of persuasion?
S3 aims to show how the “technicalities” of mediation constitute an “active force” of preaching that can influence its practices (Luca, Polo de Beaulieu and al, 2019).Also, the diversity of the modalities and tools of staging leads us to consider the diversity of styles. The style, this ‘extra aesthetic’, does not only allow the preacher to ensure the ‘beauty of his gesture’ (Leroi -Gourhan, 1982: 172) and thus to distinguish himself, but also contributes to the effectiveness of the staging aimed at convincing. S3 will identify the devices, process and sensitive dimensions of preaching in order to reveal its staging and grammar.
In collaboration with the MUCEM, S3 willcontribute to the collection and examination of media and objects related to this staging of preaching. A first sub-section will pay attention to the various forms that preaching can take (preaching, canvassing, courses, songs). These different forms involve preachers who may be professionals and/or committed believers in the cause, more or less trained and educated. A second sub-section proposes an analysis of the materiality of staging by seizing the mobilised objects (ritual artefact, decorations, clothing, furniture) and sound and visual technological processes (light, microphone, special effects). It assumes that materiality is constitutive of practices, engages the senses and impacts behaviours.
S3 is also interested in visual and technical sound processes that are used in the service of an increasingly globalised preaching, in order to widen the audience and capture a young public in particular. These processes are involved in the staging of sermons in places of worship, as well as online videos, social networks and, more broadly, everything related to online cyber preaching. The third sub-project will explore the styles, which allow preachers to position themselves in the preaching arena and to distinguish themselves in this competitive field. Merging substance (speech content) and form, style manifests itself to the audience through sensoriality.
This added aesthetic of form, colour, movement, gesture, music and clothing, brings emotions to the participants: audience and preacher alike. S3 will focus on the specificities of the style which constitutes the “trademark” of the preacher and his effectiveness with the audience. Thus, preaching will be analysed as a performance (cultic, rhetorical, artistic) with a focus on body language and aesthetic devices of preaching. In order to better understand the sensitive dimension of preaching, particular attention will be paid to body language, pedagogies of preaching, performance, as well as forms of address.